Donald Trump a signé jeudi un décret exécutif définissant les conditions d’un accord visant à transférer TikTok à un propriétaire américain.
Trump a déclaré qu’il était parvenu à un accord avec le président chinois Xi Jinping pour permettre à TikTok de continuer à fonctionner aux États-Unis, en séparant la plateforme de son propriétaire chinois ByteDance. Selon lui, cet accord est conforme à la loi qui aurait autrement contraint l’application à cesser ses activités pour les utilisateurs américains si elle n’avait pas été cédée à un investisseur américain.
« J’ai parlé au président Xi et il m’a dit : ‘Allez-y’ », a affirmé Trump lors d’une conférence de presse. « TikTok sera désormais entièrement exploité par des Américains. »
Selon le plan, des investisseurs américains prendront le contrôle de la majorité des activités de TikTok et géreront une copie sous licence de son puissant algorithme de recommandation. Les entreprises américaines détiendront environ 65 % de la nouvelle entité américaine, tandis que ByteDance et les investisseurs chinois en posséderont moins de 20 %. Cette nouvelle société sera dirigée par un conseil d’administration de sept membres, dont six Américains, tous experts en cybersécurité et sécurité nationale, d’après la Maison-Blanche.
La société américaine issue de ce transfert sera valorisée à 14 milliards de dollars, a indiqué JD Vance, également présent lors de la conférence de presse. Ce montant reste largement inférieur à la valorisation globale de ByteDance, estimée à environ 330 milliards de dollars. À titre de comparaison, Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, est valorisé à 1 800 milliards de dollars.
Le consortium d’investisseurs américains est dirigé par le géant des logiciels Oracle, chargé de superviser les opérations américaines de TikTok, d’assurer le stockage des données utilisateurs sur ses services cloud et d’obtenir une licence pour contrôler l’algorithme. Les responsables de la Maison-Blanche ont précisé que ni ByteDance ni les autorités chinoises n’auront accès aux données des utilisateurs américains.
Aux côtés d’Oracle et de son cofondateur Larry Ellison, Trump a cité d’autres investisseurs tels que le magnat des médias Rupert Murdoch et Michael Dell, PDG de Dell Computers. « D’excellents investisseurs. Les plus grands. On ne fait pas plus grand », a déclaré Trump. JD Vance a ajouté que d’autres noms seront annoncés dans les prochains jours.
Interrogé sur une éventuelle priorité donnée aux contenus liés à MAGA (Make America Great Again), Trump a répondu : « J’ai toujours aimé les contenus MAGA. Si je pouvais, je ferais 100 % de contenus MAGA. » Mais il a ajouté que l’application continuerait à recommander une grande diversité de contenus, précisant : « Chaque groupe sera traité équitablement. »
Cet accord met fin à des mois d’incertitude juridique pour l’une des applications les plus utilisées aux États-Unis, tout en donnant à plusieurs entreprises américaines une influence accrue dans le secteur des réseaux sociaux. TikTok compte environ 180 millions d’utilisateurs dans le pays, et Trump a reconnu que la plateforme avait contribué à sa victoire lors de l’élection présidentielle de 2024. Cet accord illustre également une nouvelle tentative de l’administration Trump de renforcer son influence dans l’industrie technologique, après avoir pris une participation de 10 % dans le fabricant de semi-conducteurs Intel plus tôt ce mois-ci, et avoir encouragé des sociétés comme Apple et Nvidia à investir massivement aux États-Unis.
Trump avait indiqué précédemment que le gouvernement américain percevrait une commission importante de la part des investisseurs pour avoir négocié l’accord avec la Chine. Mais jeudi, interrogé sur ce point, il a déclaré que les États-Unis percevraient uniquement les impôts habituels de la nouvelle société : « Nous allons gagner de l’argent, et beaucoup, grâce aux impôts. »
TikTok avait fait l’objet d’un rejet bipartisan au Congrès, en raison de craintes liées à la protection des données et d’allégations selon lesquelles la Chine pourrait utiliser l’application pour diffuser de la propagande ou miner la démocratie américaine. ByteDance a toujours nié ces accusations, mais le Congrès a voté l’an dernier une loi contraignant ByteDance à trouver un repreneur américain ou à se retirer du marché.
En janvier, la Cour suprême a confirmé à l’unanimité l’interdiction. Dès son premier jour de mandat, Trump a signé un décret exécutif repoussant l’application de cette mesure, et il en a régulièrement retardé l’exécution depuis. Le décret « Sauver TikTok », publié jeudi, stipule que l’accord constitue une « cession qualifiée » et « résout » les inquiétudes liées à la sécurité nationale. La cession complète de ByteDance ne devrait toutefois pas être achevée avant 120 jours.
Lors de la conférence de presse, Trump a déclaré que « les jeunes » l’avaient encouragé à « sauver TikTok ». Il a également rendu hommage à l’activiste conservateur Charlie Kirk, tué plus tôt ce mois-ci, en disant qu’il l’avait poussé à rejoindre la plateforme : « Charlie m’a beaucoup aidé. Il m’a dit : ‘Vous devriez aller sur TikTok.’ »
La semaine dernière, Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, avait annoncé que les États-Unis et la Chine étaient parvenus à un accord-cadre sur TikTok après une série de discussions de haut niveau à Madrid. Le principal négociateur chinois, Li Chengang, avait confirmé l’accord dans la journée, tout en avertissant Washington contre toute tentative de « suppression » des entreprises chinoises.
Bien que Trump ait laissé entendre la semaine dernière qu’un accord était en cours, il avait refusé d’en donner les détails. Sur Truth Social, il avait simplement écrit : « Un accord a également été conclu concernant une certaine entreprise que les jeunes de notre pays veulent absolument sauver. Ils seront très heureux ! »
Credit : The Guardian




