L’économiste et politologue Joseph Harold Pierre a été invité à commenter la situation politique et économique du pays en début d’année dans plusieurs émissions d’envergure de la capitale animée par des journalistes seniors. L’homme porteur d’un message pour une nouvelle Opinion publique en Haïti n’est pas du tout optimiste vu la façon dont les dirigeants actuels sont en train de mener la barque du pays.
« De janvier 2024 à date rien n’est fait de façon concrète pour apaiser ou résoudre l’insécurité en Haïti, tandis que la mission principale du Conseil présidentiel de Transition (CPT) consiste à établir la sécurité et d’organiser les élections dans le pays », a critiqué le politologue Joseph Harold Pierre.
« Tant que le problème de sécurité ne soit pas résolu, le CPT est piteusement échoué », a tranché le politologue Pierre. Il n’a pas compris l’incohérence constante des dirigeants dans leurs intentions et dans leurs actions qui discrédite davantage les membres du CPT de jour en jour.
Sur les ondes de Télé-plurielle, le lundi 6 janvier, le politologue Pierre précise la raison pour laquelle le discours du président du CPT à l’occasion du 221eme anniversaire de l’indépendance d’Haïti, est irréaliste.
« Comment va-t-on récupérer tous ces territoires perdus et restaurer l’autorité de l’État? Il faut demander aux pays d’amis de cesser le trafic d’armes en Haïti et il faut un plan de contrôle sur les armes à feu », raisonne le politologue. « L’insécurité ne va pas résoudre par un document écrit », a-t-il avancé dans son raisonnement.
Le temps passe, les membres du CPT se contentent de répondre qu’à la tâche qui leur incombe par tactique politique pour gérer le pouvoir, au lieu de poser des actions sérieuses aux intérêts du pays, s’insurge le professeur qui note une véritable insouciance et la « menace persiste de façon manifeste ».
La réalité terrifiante que nous vivons actuellement n’est pas simpliste, si l’on en croit le politologue. D’après lui, il faut une démarche stratégique capable de bien calculer et de bien analyser la situation actuelle du pays. Selon Joseph Harold Pierre, ni la police ni FAD’H ne peuvent résoudre ce problème d’insécurité, constatant néanmoins que la police est numériquement et excessivement faible par rapport aux gangs armés. « Même s’il y aurait des matériels adéquats disposés aux forces de l’ordre, la tâche sera très difficile. Car, la police n’est pas réellement accompagnée par l’État », a analysé M. Pierre, qui en profite pour tirer à boulets rouges sur les élites économiques du pays qui financent les gangs.
À partir d’une analyse réelle basée sur des faits, le politologue-économiste montre comment l’anormal est normalisé dans le pays et malgré tout on continue à supporter l’insupportable. De ce fait, M. Pierre ne cache pas son scepticisme et reste pessimiste sur la solution de la crise et sur l’avenir d’Haïti.
Au sujet de la restitution de la dette de l’indépendance réclamée par Haïti au dépend de la France, Joseph Harold Pierre estime que c’est une bonne démarche, toutefois, selon lui, il serait important de nous mettre sur un rail avant tout. « C’est à ce moment là nous serons dans la meilleure position pour essayer cette démarche », a-t-il lancé.
Parce qu’il ne croit pas dans les politiques et dans la classe politique actuelle, Joseph Harold Pierre doute que le remboursement de ces plusieurs milliards de la dette de l’indépendance puisse sauver Haïti. Il a pris en exemple la dilapidation de l’argent du PetroCaribe. L’économiste dit craindre que le remboursement de la dette de l’indépendance puisse faire plus de mal au pays que de bien.
Pour avancer sa réflexion, Joseph Harold Pierre explique qu’Haïti a un grave problème de politique économique.
La thématique de la politique économique conçue à un large éventail d’actions engagées par les gouvernements pour gérer leur économie. Ces actions comprennent la politique monétaire (l’offre et la demande de monnaie), la fiscalité, le budget, la création d’emplois, etc.
Selon l’observation du politologue, les gens qui exercent la politique en Haïti ne comprennent pas la politique économique. Il dit souhaiter que ce dossier sensible soit traité d’abord.
« Pour que le pays soit prospéré avec l’argent de cette restitution, il nous faut des hommes de bonne compréhension dans la tête de l’État ayant une véritable vision très claire de développement économique et également de la question géopolitique afin de gérer cet argent », a avancé le politologue, ajoutant : “Lajan sa dwe restitye nan moman poul restitye e avek moun poul restitye”
Dieury Ralph ANTOINE



